(Deé)montrer en (deé)montant : recadrage des identiteés narratives dans L'Avenir de Camille Laurens et Vaste est la prison d'Assia Djebar.

Auteurs-es

  • Julia Galmiche

Résumé

L'Avenir [The Future] by Camille Laurens (1998) and Vast is the Prison by Assia Djebar (1995) are two novels characterized by their absence of linearity on a narrative level as well as a chronological level. This article focuses on the articulation between I and she, auto and fiction, present and past, literary language and cinematic language. It seeks to show how this dual structure provides a shape-shifting, transmedial aspect to the novels being examined, out of which emerges an oxymoric, hybrid narrative better able to reflect the complexity of the female identity. The cinematic language is not simply used to enhance the literay quality of the writing. On the contrary, it plays a significant role in making the narrative more complex and, by doing so, not only replicates at the micro level (content) the dialectics that can be observed at the micro level (form or narrative structure), but also contributes to (re)framing narrative identities. The cinematic language therefore delimits the range of the camera in which the female subject is evolving. At the same time, the reverse angle shot, which acts as a counter-narrative, enables the female subject to reflect on her past self while heralding what is left outside the scope of the camera and is yet to be seen.

L‘Avenir de Camille Laurens (1998) et Vaste est la prison d‘Assia Djebar (1995) sont deux romans caractérisés par leur absence de linéarité, tant sur le plan narratif que sur le plan chronologique. Cet article s'intéresse à  l'articulation entre je et elle, auto et fiction, présent et passé, langage littéraire et langage cinématographique, cette structure duale donnant à  l‘oeuvre un aspect protéiforme, transmédial, duquel émerge un roman oxymorique, hybride, mieux à  même de refléter la complexité de l‘identité narrative féminine. Le langage cinématographique n'est pas pensé ici comme simple faire-valoir du langage littéraire. Au contraire, il participe activement à  la complexification de la narration, prolongeant au niveau micro (fond) la dialectique observable au niveau macro (forme ou structure narrative), mais aussi au (re)cadrage des identités narratives. Le langage cinématographique délimite ainsi le champ du présent dans lequel évolue le sujet féminin, le contre-champ/chant du passé permettant un retour du sujet sur lui-même, tout en préfigurant le hors champ des possibles à  venir.

Biographie de l'auteur-e

Julia Galmiche

Julia Galmiche-Essue est doctorante au sein du Département d‘études françaises de l‘Université de Toronto. Sa thèse, financée par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, traite de la mise en fiction du livre dans les littératures d‘Afrique francophone subsaharienne et des Antilles. Elle s‘intéresse plus particulièrement aux dimensions historique, sociopoétique et littéraire du livre représenté dans l‘espace de la fiction, des origines du roman à  la question nationaliste en passant par l‘étude des rapports sociaux de sexe, de « race » et de classe et l‘étude des figurations du personnel littéraire (écrivains, éditeurs, imprimeurs, libraires, bibliothécaires). Elle a publié plusieurs études portant notamment sur le fait colonial chez Zola, la question féministe chez Assia Djebar et Shan Sa, la problématique postcoloniale chez Édouard Glissant et Marie-Célie Agnant ou bien encore l‘interlangue comme théâtre d‘apprentissage chez Wajdi Mouawad.

Publié-e

2021-01-29

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