Chair Piment de Gisèle Pineau : au-delà  de la vengeance, surmonter l'impardonnable

Auteurs-es

  • Christiane Ndiaye Université de Montréal

Résumé

La question de la vengeance est posée de manière particulièrement percutante dans un des nombreux romans de Gisèle Pineau, Chair Piment, paru en 2002. Au centre de l‘intrigue s‘agite Mina, une jeune Guadeloupéenne exilée à  Paris et hantée par le fantôme de sa soeur Rosalia, morte dans un incendie 20 ans plus tôt. Dans les coulisses, se tient Suzon dont le lecteur découvre peu à  peu la passion vengeresse qui la pousse à  exercer des « représailles surnaturelles » sur toute la famille de Melchior, père de Mina, pour avoir été abandonnée jadis, par Melchior. S‘appuyant de façon générale sur la sociocritique et la poétique des genres, notre analyse du roman s‘intéresse aux langages et discours déployés dans ce traitement quelque peu fantastique du thème de la vengeance. Derrière ce mélodrame passionnel se profilent plusieurs questionnements aboutissant à  un discours aux accents didactiques qui suggère une bonne et une mauvaise voie à  suivre, à  la manière des contes. Ce ne sera donc pas la vengeance qui guérira le mal subi mais bien plutôt la magie de la parole.

 

The question of vengeance appears in a particularly striking fashion in one of Gisèle Pineau‘s many novels, Chair Piment, published in 2002. At the centre of the story is Mina, a young Guadeloupan woman living in exile in Paris and haunted by the ghost of her sister Rosalia who was killed in a fire 20 years earlier. Waiting in the wings is Suzon, whom the reader slowly discovers is harbouring a vengeful passion that will push her to exert a “supernatural retaliation”on the entire family of Mina‘s father Melchior for his having abandoned her years earlier. Drawing from sociocriticism and the poetics of genre, this analysis will look at the language and discourse used in this somewhat fantastic treatment of the theme of vengeance. Amid this passionate melodrama lurk questions that provoke a discourse that is at times didactic, suggesting, as in fairy tales, that there is a right and a wrong path to follow. It is not vengeance that will cure the evils of the past but the magic of the spoken word.

Biographie de l'auteur-e

Christiane Ndiaye, Université de Montréal

Actuellement professeure associée à  l‘Université de Montréal, Christiane Ndiaye y a fait sa carrière en tant que professeure des littératures francophones de la Caraïbe, de l‘Afrique subsaharienne et du Maghreb. Elle a publié un recueil d‘essais sur les littératures francophones, Danses de la parole, et de multiples articles, ainsi que plusieurs volumes collectifs”¯dont”¯De paroles en figures (en collaboration avec Josias Semujanga), Introduction aux littératures francophones (écrit en collaboration avec Nadia Ghalem, Joubert Satyre et Josias Semujanga), Émile Ollivier”¯: écrire l‘infini des possibles, Questions de réception des littératures francophonesConfigurations discursives et parcours figuratifs du roman africain et Relire l‘histoire littéraire et le littéraire haïtiens. Parmi ses travaux plus récents figurent l‘essai Comprendre l‘énigme littéraire de Dany Laferrière et plusieurs articles qui s‘inscrivent dans l‘approche sociocritique, dont « Ida Faubert”¯: Ti-Louis et la résurrection de Lazarre », « Dib et Djaout”¯: le métier à  tisser en deux temps. Manipulations de l‘imaginaire populaire » et « Monstres, princesses et justicières”¯: du féminin pluriel chez B.B. Diop ». Madame Ndiaye a été chercheure principale des projets de recherche en équipe « Mythes et stéréotypes dans la réception des littératures francophones » et « L‘imaginaire social du peuple dans les littératures francophones d‘Afrique subsaharienne, du Maghreb et des Caraïbes ». Elle poursuit actuellement ses activités de recherche en tant que chercheure principale du projet subventionné par le CRSH, « La littérarité des genres populaires dans les littératures francophones d‘Afrique subsaharienne, du Maghreb et des Caraïbes ». Depuis 2006 elle participe également à  l‘enseignement des séminaires du Master en lettres et philosophie à  l‘ENS d‘Haïti, programme mis en place conjointement avec Paris VIII. 

Publié-e

2022-02-02