On n’est pas là pour disparaître ou les voix de la vieillesse
Résumé
On n’est pas là pour disparaître, le récit d’Olivia Rosenthal peut s’entendre comme un cri de ralliement, comme une ultime protestation. « Peut s’entendre » car il s’agit en effet d’une fiction polyphonique qui accompagne le parcours d’un septuagénaire, Monsieur T., atteint de la maladie de A. Des voix s’élèvent tour à tour pour dire l’état de monsieur T ; diagnostiquer sa maladie, constater, questionner, accuser, dire la souffrance de ce père, de ce mari, de ce vieux qui pendant un temps ne fréquente plus que des services gériatriques et se trouve contraint de séjourner dans une maison de retraite où peu à peu il oublie tout, y compris qu’il est vieux. Ces voix échappent aux lecteurs et la fiction établit une forme de confusion intermittente qui ne contrevient nullement à la structure du récit. Cet article étudie comment Olivia Rosenthal parvient à mettre en oeuvre l’injonction du titre de son récit. À cette fin il interroge les modalités narratives et poétiques qui permettent de rendre présents et la vieillesse et le vieux alors même que ce dernier semblerait s’effacer face aux assauts continus de la première.