Une vieillesse en fleur : les rides du vivant chez Ananda Devi
Résumé
Parmi tous les dérapages de l’existence qui produisent exclusion et exclusivité à la fois, la vieillesse constitue une manière paradoxale de sillonner le vivant pour en mettre à l’épreuve la capacité dynamique de régénération et de recréation. C’est ainsi que le reflux d’humanité qui agite l’imaginaire des marginaux typiques de l’écrivaine mauricienne Ananda Devi, s’appuie sur des personnages capables d’interagir avec leur âge, sans en faire un accessoire immobile de la narration mais plutôt une ressource à explorer. Dans ce contexte de déstabilisation des points de vue, Les jours vivants (Gallimard, 2013) explore, de manière singulière, comment la vieillesse peut remodeler la vie – et devenir une forme de résistance – en s’appuyant sur « l’énergie primaire et primordiale qu’est la nature » (p. 180), notamment par le biais du végétal qui, d’après notre hypothèse, capturerait le désir d’exister au-delà des contraintes du « dernier âge ».