Un albatros dans la prose : notes sur Confession d’un timide de Philippe Vilain
Résumé
Un écrivain peut-il être timide ? Une oeuvre qui s’abreuve à la source vive du moi peut-elle être l’oeuvre d’un timide ? Peut-on imaginer un timide publier une confession où il se déclare, à la face du monde, timide ? Répondre oui à ces questions, c’est ouvrir la voie au paradoxe qui fait l’objet de cette étude : pour Philippe Vilain, la littérature est le discours par lequel l’homme timide retourne comme un gant la passion qui l’empêche de parler ; ce qu’on ne peut pas dire, il faudra donc l’écrire. En entreprenant une enquête sur la timidité (passion intime s’il en est), en s’efforçant de la décrire, de la définir, en faisant l’inventaire de tout ce dont elle prive — Philippe Vilain interroge le secret de son art : une écriture classique, un style tenu, une prose sobre et tendue sont sa manière d’inscrire la timidité au coeur de l’oeuvre, de faire rayonner la pudeur de la langue dans l’impudeur du livre.