Artistic Realization and Modernity: Guillevic and Cézanne
Résumé
Through Paul Cézanne (1839-1906) and Eugène Guillevic (1907-1997), this article probes artistic realization as a topos in modern art since the 1800s. Interart discourse including art historical contexts and Guillevic’s early notebook entries in Écrits intimes (2019) help us assess a foremost influence and implicit mentor who taught the poet to favor a concrete, personal, textured, highly focused vision of things seen. At issue in the analyses is the artist’s or poet’s diligent crafting of a perspective that valorizes earthy materiality filtered through the observer’s subjective sensations, which often draw inspiration from immediate surroundings in favorite natural locales. Inclus, in particular, which addresses the poem as sacred space, proposes like Cézanne’s artworks with their colorful constructive brushstrokes that authenticity need not mean direct transcription of the real. Close readings accompany Guillevic as he dialogues indirectly with Cézanne, affirming his own ability to see clearly and make his oeuvre a ritualized fête while exemplifying controlled contemporary lyricism and thus important aspects of French literary modernity.
À partir de Paul Cézanne (1839-1906) et d’Eugène Guillevic (1907-1997), cet article se propose d’examiner le topos de la réalisation vis-à-vis de l’art moderne depuis le dix-neuvième siècle. Se voulant interdisciplinaire, l’étude aborde à la fois l’histoire de l’art et l’écriture de Guillevic, notamment les carnets de jeunesse dans Écrits intimes (2019) où en évoquant Cézanne, il souligne la profondeur de l’influence de son aîné aux plans de l’observation concret du réel et du regard caressant et nuancé que l’on peut porter sur celui-ci. Au coeur des analyses est l’aspect tangible et terreux de la matière : en réalisant l’oeuvre d’art, artiste et poète doivent tous les deux respecter ce qui est vu tout en créant un objet qui soit le reflet fidèle de sensations personnelles, subjectives, à la fois ancrées dans un site naturel adoré et spécifiques à l’observateur. Inclus, en particulier, en abordant le poème en tant qu’espace sacré, suggère à la manière de Cézanne et de ses taches de couleur que l’authenticité ne doit pas forcément correspondre à la transcription directe du réel. Des lectures attentives mettent Guillevic en dialogue avec Cézanne : à l’instar de l’artiste, le poète veut avant tout voir, mettant par la suite cette lucidité au profit de pages devenues lieu du rite, de la fête, mais aussi d’une retenue exemplaire digne de la modernité poétique, voire littéraire.