"No Child's Play": Child Narrators, Transitional Objects, and Embodied Trauma in Nancy Huston's Lignes de faille
Résumé
Drawing on theories of childhood development by Janusz Korczak, Donald Winnicott, and George Eisen, this article examines play objects as a narrative trope for communicating embodied memory and transgenerational trauma. I focus on the novel Lignes de faille (Fault Lines, 2006) to demonstrate how Nancy Huston exploits the creative potential of unauthoritative child narrators through their relationship to a network of transitional play objects. Paradoxically, “[t]his is no child’s play,” to adopt Korczak’s expression, which would inspire a Yad Vashem exhibition on children of the Shoah. As I contend, recourse to child narrators allows Huston to tellingly critique adults’ war “games” and expose violence’s lasting mark on individuals, families, and societies. Situating Lignes de faille within the transnational writer’s wider oeuvre, this article further invites a conversation with related contemporary, global Holocaust narratives which prominently feature transitional play objects. Such a perspective ultimately underscores the motif’s stakes for Huston’s understanding of the human person and of artistic creative “play,” as well as for issues of genre, audience, and representability in Holocaust literature.
S’appuyant sur les théories de Janusz Korczak, de Donald Winnicott et de George Eisen sur le développement de l’enfant, cet article examine les objets de jeu en tant que trope narratif pour communiquer la mémoire incarnée et le traumatisme transgénérationnel. Je me penche sur le roman Lignes de faille (2006) pour démontrer comment Nancy Huston exploite le potentiel créatif des perspectives narratives enfantines – des voix dépourvues justement d’autorité – à travers leur rapport à un réseau d’objets de jeu transitionnels. Paradoxalement, « [c]e n’est pas un jeu d’enfant », pour reprendre l’expression de Korczak, qui inspirerait une exposition de Yad Vashem dédiée aux enfants de l’Holocauste. Comme je le soutiens, le recours aux enfants-narrateurs permet à Huston de critiquer de manière révélatrice les « jeux » de guerre des adultes, ainsi que d’exposer les séquelles de la violence sur les individus, les familles et les sociétés. De surcroît, situer Lignes de faille dans l’oeuvre de l’écrivaine transnationale ouvre un dialogue entre le roman et d’autres récits contemporains sur la Shoah du monde entier qui mettent en évidence des objets transitionnels. Une telle perspective souligne, en fin de compte, les enjeux de la représentation de ce motif pour la compréhension de la personne humaine et du « jeu » créatif artistique chez Huston, ainsi que pour les questions de genre, de public et de représentabilité dans la littérature de la Shoah.