L’échec et ses enjeux critiques dans l’oeuvre de Tierno Monénembo
Résumé
À la base de cette réflexion, une hypothèse : certains romans de Tierno Monénembo semblent se caractériser par la mise en scène des personnages qui échouent devant l’adversité. Qu’il s’agisse de l’échec absurde et cuisant de l’intellectuel Diouldé à son retour définitif au pays natal après ses années d’études en Hongrie dans Les Crapauds-Brousse (1979), du rêve héroïque avorté de Sanderval dans Le Roi de Kahel (2008) ou de l’échec sentimental et familial de Juliana dans Les Coqs cubains chantent à minuit (2015), les romans de Tierno Monénembo non seulement convoquent les turpitudes sociales, culturelles et politiques africaines à travers des personnages qui échouent dans l’accomplissement de leurs missions, mais aussi ils proposent une réflexion lucide sur la place de l’aventurier et de l’intellectuel dans les sociétés africaines contemporaines. À partir de ce constat, le présent article tente de démontrer que les romans Les Crapauds-Brousse et Les Coqs cubains chantent à minuit peuvent se lire comme des romans de l’échec en ce sens qu’ils décrivent les souffrances physiques et morales des personnages en situation d’échec et les violences sociales et politiques dont ils sont souvent victimes. Il s’agira, d’une part, d’examiner les formes et les enjeux de cet échec, et d’autre part, d’interroger les déterminants sociaux et politiques qui soutiennent l’invention dramatique des romans.