Marie Jeanne Riccoboni‘s First Act: What‘s in a Name?
Abstract
La vie professionnelle de Marie Jeanne Riccoboni (1713-1792) comprend deux rôles consécutifs, celui d‘actrice et celui d‘auteure. Les deux se chevauchent vers la fin des années 1750 et au début des années 1760 quand elle avait déjà publié trois romans très populaires, mais son travail antérieur au théâtre et sa vie d‘actrice restent relativement inconnus. Cet essai analyse le premier acte de la carrière de Riccoboni sur la base d‘une Épître et d‘un Madrigal écrits par un admirateur anonyme et dédiés à Riccoboni—l‘actrice—publiés dans le Mercure de France de juillet 1740 mais jusqu‘ici ignorés par les chercheurs.
Contredisant les opinions surtout négatives des critiques modernes à propos du jeu de Riccoboni au théâtre, ces deux odes offrent un témoignage positif d‘envergure, ainsi que des détails qui éclairent également certains aspects de sa vie privée, comme son mariage et son rapport avec son mari, ses beaux-parents, et un amant possible. Cet article soutient que ces odes sont en effet un discours masculin de domestication : elles louent les succès de Riccoboni au théâtre et ses aspirations intellectuelles, mais seulement pour nier son talent sur scène et diminuer son autorité en les faisant dépendre de son célèbre beau-père et de son mari. En effet, les odes suggèrent qu‘elle devrait être reléguée à la sphère privée, plutôt que de s‘exhiber dans la sphère publique.
The professional life of Marie Jeanne Riccoboni (1713-1792) encompasses two consecutive roles: actress and author. The two overlap briefly in the late 1750s and very early 1760s at which point she had already published three very successful novels, but her earlier work on the stage and life as an actress remain relatively unknown. This essay examines the first act of Riccoboni‘s career path based on an Epître and a Madrigal written by an anonymous male admirer and dedicated to Riccoboni’Ž¯the actress’Ž¯published in the Mercure de France in July 1740 but thus far ignored by scholars.
Unlike modern critics‘ mostly negative opinions of Riccoboni‘s acting, these two odes offer extensive, positive testimony and details while also shedding some light on aspects of her personal life such as her marriage and her husband, her in-laws, and a potential lover. This article argues that the odes constitute a male discourse of domestication: they praise Riccoboni‘s accomplishments on the stage and intellectual aspirations, but merely in order to deny her ownership of her stage talent and downplay her authority by ascribing their origins to her famous father-in-law and in relation to her husband. Indeed, they suggest she should be relegated to the private sphere rather than perform in the public sphere.