Les animaux et nous chez Marie Darrieussecq : une coexistence indispensable
Abstract
Cet article analyse la place des animaux dans les écrits de Marie Darrieussecq. S‘appuyant sur les dernières recherches sur la question animale en littérature, il montre comment l‘écrivaine donne une voix aux animaux, sans tomber dans un anthropomorphisme naïf. Ses romans, de plus, suscitent une interrogation métaphysique sur ce qui nous constitue comme humain. À travers l‘utilisation de structures narratives qui brouillent la différence entre les humains et les animaux, Darrieussecq révèle la continuité qui nous unit. Ainsi elle déconstruit l‘idée cartésienne d‘une « exception humaine ». La littérature est pour Darrieussecq le moyen d‘essayer de voir le monde à travers les yeux des animaux, car elle est le lieu de la rencontre avec l‘Autre, là où on ne parle pas à la place des autres mais où on parle « pour eux. Vers eux » (Rapport de Police 255). La romancière exerce pleinement ce qu‘elle considère être son travail d‘écrivaine, écrire là où il n‘y a pas encore de mots.
This article analyses the importance of animals in Marie Darrieussecq‘s writings. Informed by the latest scholarship on French animal studies, it shows how the novelist gives a voice to animals, without falling into the trap of basic anthropomorphism. Her novels, furthermore, reflect on the metaphysical question of what constitutes us as human. Using narrative structures which blur the difference between humans and animals, Darrieussecq reveals the continuity that unites us. Thus, she deconstructs the Cartesian notion of a “human exception”. For Darrieussecq, literature is a way to try to see the world through the animals‘ point of view, for it is the place where one encounters the Other, where one does not talk in place of the others but “for them. Toward them” (Rapport de Police 255). The writer fulfills what she has always considered to be her mission, to write where words do not yet exist.