Madame Bovary for a New Millennium: Leïla Slimani‘s Dans le jardin de l‘ogre (2014)
Résumé
Best known for her 2016 suspense novel, Chanson douce, Leïla Slimani first attracted attention for her novel about a female sex addict, Dans le jardin de l‘ogre. Having realized that women never figure in media accounts of sexual addiction, she immersed herself in Leo Tolstoy‘s Anna Karenina, François Mauriac‘s Thérèse Desqueyroux, Joseph Kessel‘s Belle de jour, and Gustave Flaubert‘s Madame Bovary. Reviewers of Dans le jardin de l‘ogre often mention the latter in passing, and Slimani herself has identified Emma as one of her favorite heroines, but thus far there has been only one scholarly study that deals with specific connections between the two novels. While they seem unlikely bedfellows on the surface—Flaubert‘s text is a traditional nineteenth-century roman de formation that unfolds in linear fashion, while Slimani‘s is decidedly modern in subject and in its slippage back and forth in time—a close reading reveals numerous uncanny similarities in narrative technique, characterization, themes, and motifs. It is hard to imagine a more promising pairing to test Julia Kristeva‘s theory that “tout texte se construit comme mosaïque de citations, tout texte est absorption et transformation d‘un autre texte” (85). This study shows that Dans le jardin de l‘ogre is one of those mosaics that has “absorbed” many of Madame Bovary‘s salient features and “transformed” them into something quite modern and distinctive.
Surtout connue pour Chanson douce, son roman à suspense publié en 2016, Leïla Slimani s‘est fait d‘abord remarquer pour Dans le jardin de l‘ogre, roman dont la protagoniste souffre d‘addiction sexuelle. S‘étant rendu compte que les femmes ne figurent jamais dans les histoires de dépendance sexuelle dans les médias, elle s‘est imprégnée de romans tels que Anna Karenina de Leo Tolstoy, Thérèse Desqueyroux de François Mauriac, Belle de jour de Joseph Kessel et Madame Bovary de Gustave Flaubert. Les critiques littéraires de Dans le jardin de l‘ogre ont tendance à mentionner Madame Bovary en passant—sans doute parce que Slimani elle-même a identifié Emma comme une de ses héroïnes favorites—mais jusqu‘ici il n‘y a que deux études érudites qui traitent de parallèles spécifiques entre les deux romans. Une curieuse association à première vue—le texte de Flaubert est pour la plupart un roman typique du dix-neuvième siècle qui se déroule d‘une façon linéaire, tandis que celui de Simani est décidément moderne étant donné son sujet et ses glissements temporels—une lecture attentive révèle de nombreux points de ressemblance (technique narrative, caractérisation, thèmes, motifs). Selon Julia Kristeva, “tout texte se construit comme mosaïque de citations, tout texte est absorption et transformation d‘un autre texte.” Cet article constate que Dans le jardin de l‘ogre est une de ces mosaïques qui a “absorbé” bien des traits saillants de Madame Bovary et les a “transformés” en quelque chose d‘assez moderne et de distinctif.