Les « contre-espaces » dans La Tournée d’automne et Les Yeux bleus de Mistassini de Jacques Poulin : des refuges pour résister au vieillissement
Résumé
Chez Poulin, l’individu est créateur de son propre espace de vie, oscillant entre espaces utopiques – « des pays sans lieu et des histoires sans chronologie » –, hétérotopiques – « des utopies qui ont un lieu précis et réel » (Foucault 23) –, et non utopiques. Les espaces utopiques et hétérotopiques, autrement nommés « contre-espaces » sont résistance : « des lieux qui s’opposent à tous les autres, qui sont destinés en quelque sorte à les effacer, à les neutraliser ou à les purifier » (Foucault 24). In fine, le rapport à la réalité est propre à soi, mais, selon Poulin, l’équilibre est essentiel.
Cet article tend à montrer comment les personnages du Chauffeur dans La tournée d’automne et de Jack dans Les Yeux bleus de Mistassini trouvent leur propre équilibre grâce à des « contre-espaces », et échappent par là même au drame du corps vieillissant. Ainsi, en incarnant pour les personnages un refuge au service d’une réflexion sur eux-mêmes, leur rapport à l’autre et sur la vie, ces « contre-espaces » pouliniens participent-ils de leur quête identitaire et de leur résistance à la peur de l’effacement de soi.