« Sauver les corps » : Camus ou la volonté d‘humaniser les victimes des « pestes »
Résumé
L‘une des questions centrales, dans la réflexion d‘Albert Camus, à partir de la Deuxième guerre mondiale, est de savoir comment faire face à l‘abstraction qui favorise l‘indifférence et l‘oubli à l‘égard des victimes des « pestes » de toutes sortes (guerres, épidémies, idéologies totalitaires) qui font souffrir et mourir. Nous allons, dans ce travail, étudier la technique du « parler concret » employée par Camus pour faire prendre conscience aux Français que les victimes de deux de ces tragédies (la « peste brune » [synonyme de barbarie nazie] qui a frappé le village d‘Ascq en 1944, un massacre évoqué dans « Ni victimes, ni bourreaux », et la vraie peste de 542 ayant décimé Constantinople mentionnée dans La Peste) étaient des êtres bien vivants et qu‘il était possible de les sauver des oubliettes de l‘oubli avec un peu d‘imagination.